L’endurance aux championnats de France de Lamotte Beuvron

L’endurance aux championnats de France de Lamotte Beuvron

Hello cher(-ère)s Cavalier(-ère)s,

Entre ressenti, récit, rapport d’étonnement, et débrief, je vous livre notre retour d’expérience sur le fameux championnat de France de Lamotte, et la course d’endurance qui a clôturé notre saison 2018/2019 !

La veille : le brief

Rendez-vous est donné la veille de la course pour le brief.

Petit bémol : je l’apprends par un ami, et par les réseaux sociaux (commentaires sur mes posts, ou sur les posts du groupe FB…) Je n’ai pas eu la communication « officielle », donc je ne peux que vous conseiller de surveiller les réseaux sociaux ou d’avoir des copains… parce que la pré-communication du GOF, ça n’a pas l’air d’être leur fort ! 😅

Ce sera sur le terrain d’endurance, près des boxes verts « La sapinière ». C’est le bout du monde : sur la carte ci-dessous, on est le plus à gauche possible.

Plan du Parc Fédéral. Crédit : https://opendefrance.ffe.com

Le président du Jury de l’épreuve d’endurance nous réunit pour nous expliquer le déroulement et l’organisation : où se garer, comment accéder au site en voiture, le fléchage du parcours, les lieux des assistances…

Le brief commence !

L’épreuve commencera à 09h, et les départs s’enchaîneront toutes les 3 minutes.

Le fléchage sera bleu et on nous promet un beau balisage : avant chaque intersection, et sur l’intersection. Sur ce point, l’expérience sera positive : personne ne s’est perdu ! (même pas moi ! 😎)

Pour les horaires de départ, ils ont été tirés au sort. Les départs se feront de manière individuelle, et le chrono démarrera que vous soyez prêts ou non. Il faut donc être à l’heure !

On vous remet une enveloppe contenant :
– votre dossard,
– la carte du parcours,
– le laisser-passer pour que votre voiture accède au terrain d’endurance du parc fédéral.

A noter :
Bien penser à avoir un porte-dossard ! Dans ma région en tout cas, les chasubles/dossards étaient fournies sur chaque course. Quand je compare le prix des engagements sur mes courses de qualif, et celui de Lamotte, je trouve dommage de ne pas avoir de chasubles lors des championnats…
😓💸

Le brief s’arrête bien vite : l’orage, qui se faisait menaçant, éclate ! Il coupe court aux questions et chacun s’éclipse…

Le jour J : La course.

L’accès au terrain

En tant que concurrents ne résidant pas sur site, nous nous sommes garés sur le parking journalier, dit « parking rose ». On y a laissé le van. J’ai fait le chemin à pied avec Cantad jusqu’au terrain d’endurance, tandis que Guillaume y allait en voiture.

En fait, on l’a compris plus tard, on pouvait arriver avec le van sur le terrain d’endurance… comme quoi, c’était pas clair ! 😅 Bon, quoiqu’il en soit, ça nous aura fait marcher, même si c’est sous la pluie : c’est bon pour la mise en route.

La pré-course

L’aire de grooming est aérée : nous avons de l’espace entre chaque concurrent, et nous sommes vraiment à côté de l’aire de contrôle véto et de la zone départ/arrivée. C’est un vrai confort !

Petit moment de doute puis d’agacement pour accéder au contrôle véto : 2 panneaux indiquant les entrées/ sorties du contrôle véto, comme cela est souvent d’usage sur les courses que j’avais faites, auraient évité ces secondes d’agacement et d’incompréhension entre le président du jury et moi.

Je comprends son rôle de gendarme. Mais pour quelqu’un qui est censé être le garant de ma discipline, j’aurai apprécié de la fermeté, sans agressivité.

La course

En soit, un parcours plat, plutôt roulant. RAS, donc je passe directement aux moments clés :

La boucle du parcours de Lamotte : 20,1 km

km 10 : ERREUR #1

Cantad est dans un super moral, le temps est frais. L’orage d’hier a bien rafraîchi l’atmosphère, et nous venons tout juste de nous prendre une pluie légère. C’est avec presque 7 minutes d’avance que nous rencontrons le panneau des 10 km !

Je veux préserver Cantad. De mémoire, la météo sera équivalente sur la 2ème boucle. Je me dis donc que je vais ralentir le rythme, pour faire nos 2 boucles à la même vitesse. Ma 1ère stratégie étant de faire la 1ère boucle rapidement, et la seconde plus cool.

Ma 1ère erreur démarre précisément avec cette pensée !

Cantad rechigne un peu à ralentir le rythme, mais à l’écoute, il finit par accepter.

km 15 : passage du gué du Beuvron : RAS. Cantad n’hésite pas vraiment. On a bien fait de venir la veille !

km 16-17-18-19 : dans la forêt derrière Lamotte. Pas super agréable pour nous, car il faut slalomer entre les cavaliers présents sur le site qui veulent profiter de la forêt.

C’est dans ces moments là que je me dis que l’endurance est le parent pauvre de Lamotte… J’aurai aimé un peu plus de respect pour mon épreuve. Personnellement, je ne vais pas me balader à cheval sur les parcours de cross, de CSO ou au milieu des reprises de dressage, lorsque les cavaliers concourent…

J’aurai donc aimé le même respect envers mon épreuve. Je n’en veux pas aux cavaliers, qui ont cherché à se détendre et ignoraient que nous passerions là. J’aurai apprécié que le parc fédéral limite l’accès au parcours d’endurance… notre épreuve ne dure pas si longtemps.

Qui plus est, les enduranciers sont habitués à évoluer en extérieur, et selon les règles de sécurité ou politesse, je double ou croise au pas les chevaux et autres usagers. Ici, il n’en était pas question : je suis quand même en pleine course !

Cantad est habitué à doubler ou se faire doubler au grand galop. Ce n’était pas forcément le cas des chevaux que nous avons croisés : cela s’apprend, et se travaille !

Certains chevaux voulant nous suivre, ils se braquaient, reculaient, marchaient en crabe lorsque les 1ers doublaient…On a quand même vu 2 ou 3 paires de fesses/postérieurs d’un peu près… 👀

Je peux parfaitement assurer ma sécurité, mais sur ces sentiers de forêt : on peut se croiser, mais pas s’éviter non plus… Et je vous avoue que cela m’aurait passablement énervée de nous faire botter, par un cheval « lambda » dans les chemins de Lamotte, pendant notre épreuve… 🤬😤

km 19,5 : passage du beuvron dans le 2ème sens. Je finis tranquille au pas. Je n’ai plus que 30 secondes d’avance. Adieu les 7 minutes ! (ERREUR… ERREUR…. ERREUR, je le répète).

km 20 : passage de la ligne d’arrivée à 12h31.

RAS pour le contrôle véto intermédiaire : Cantad hydraté ok. Pulsation à 40 bpm. On est bien ! On repart sur la 2ème boucle…

km 30 : la bascule.

La fraicheur a laissé place à une chaleur bien humide et étouffante car le soleil est brusquement apparu. Ca n’était pas spécialement prévu. Je me débarrasse de ma protection dorsale : j’ai bien trop chaud pour la supporter.

Quand je pense que certains cavaliers sont en train de finir l’épreuve, alors qu’on est en plein dans la chaleur, je me dis qu’on a un handicap ! 😅😓

C’est donc au ravitaillement du km 30 que je commets ma 2ème ERREUR…

On discute avec Guillaume. Il me tient au courant des passages des concurrents avec moi. La championne de 2018, que je voyais favorite, a finalement abandonné : son cheval s’est déferré. Pas de bol. Et comme on discute, je me relâche.

j’ai chaud. L’atmosphère est étouffante. Je bois.

Beaucoup trop. Beaucoup trop vite. Un peu froid.

Sanction quasi immédiate : lorsque je repars, il ne faut que quelques minutes pour que j’ai le bide coupé en 2 lorsque le panneau des 10 km restants arrive.

km 32 : je suis dans l’inconfort complet. Quand je trotte, mon estomac se soulève et fait du bruit… quand je galope, c’est un peu mieux, mais pas vraiment… je me dis que la route va être longue. Surtout que, comme j’ai un coup de mou, Cantad aussi. Il se met « en attente » : son pilote n’est plus vraiment là… Et il fait bien chaud à ce moment là. L’idée d’abandonner germe : que vaut-il mieux ? rentrer sain et sauf, ou tenter de finir et risquer un accident ?

km 33 : je me fais rejoindre par les dossards 145 et 146. Cantad retrouve le moral. On profite de l’aspiration c’est notre chance ! Je ne suis pas en grande forme, mais Cantad va gérer. Je sens qu’il prend le relais, littéralement. Il va d’ailleurs rester derrière le dossard 145.

km 35 : passage du Beuvron. Guillaume m’attend. J’ai vraiment mal. J’ai la nausée : j’ai envie de vomir ce trop plein d’eau dans mon estomac, mais je n’y arrive pas. J’ai vraiment envie d’abandonner. On est encore à l’heure : Guillaume m’encourage. Je sais pertinemment que je vais devoir repasser au pas et donc perdre nos chances de finir dans le top 10.

km 36-37-38 : je marche au pas. je tente le trot sur le km 18. je pense que Cantad comprend vraiment que ça ne va pas, car je sens que sa locomotion est différente. Je me tiens vraiment très mal sur ma selle, mais Cantad compense pour m’offrir le plus de confort possible.

km 39-40 : je me fais rattraper par le dossard 147. Cantad me demande s’il peut trotter : il est trop mignon ! Et il le fait avec beaucoup de fluidité pour ne pas trop me secouer !

km 40 : Je passe la ligne d’arrivée avec 12 min de retard… Quand je pense que j’aurai pu en avoir au minimum 7 de moins, si j’avais gardé l’avance du matin, j’ai les boules !

Les émotions sont complexes à ce moment là : je suis soulagée d’avoir passer la ligne d’arrivée, je suis frustrée de faire ce put*** de malaise parce que j’ai bu trop, trop vite… je suis déçue de ma mauvaise gestion : Je m’en veux d’avoir gâché notre saison.

Je suis par terre, pleurant à moitié, submergée par toutes ces émotions. Je me sens pas bien du tout. Je reste par terre, le temps que Guillaume arrive.

Je sais qu’on sera classé, je ne m’en fais pas pour ça : Cantad est très bien.

Mais je peux dire adieu à mon top 10 sauf miracle (genre un cardiaque à 32) car nous avons été trop lents. Et le cardiaque à 32, je n’y crois pas : il fait trop chaud…

Guillaume et Alain (le père de Martin, mon acolyte qui a fait toutes les courses de qualif avec moi) s’occupent de Cantad. Moi je me pose et la douleur diminue. La fraîcheur revient : le soleil se couvre. Ca m’aide à reprendre du poil de la bête. Je peux me présenter au contrôle véto, même si ce n’est pas la grande forme. Heureusement qu’on ne contrôle que le cheval et pas le cavalier !

Le reste est de la routine. A 42 bpm, Cantad passe le contrôle véto, on sera classé. C’est vers 17h que les résultats sont en ligne : nous sommes 29ème.

Leçons du jours :

Ne pas boire trop vite, trop froid.

Conserver son avance sur la 1ère boucle. on ne sait jamais ce qui peut se passer sur les suivantes ! Il vaut mieux marcher à la fin de la boucle finale, pour être bien à l’heure, plutôt que de faire chacune des boucles aux alentours de 15 km/h. Je n’économiserai plus Cantad de la même manière 😉

En soit, le parcours des championnats de France n’était pas le plus technique que j’ai couru, mais quelles leçons ont eu lieu sur la gestion du temps, et de mon hydratation…

Alors, Lamotte ?

Je suis ravie d’avoir participé à Lamotte cette année, pour 3 raisons :

  • l’adolescente en moi, qui a toujours eu envie de les faire, mais ne pouvait pas.
    (j’habitais l’île de la Réunion à l’époque, et autant vous dire que quand on vit dans les DOM, Lamotte est juste un événement inaccessible, même si on a le niveau pour venir !)
  • l’expérience. je peux dire « j’ai vécu Lamotte ».
    J’ai vécu la chaleur, la pluie, la poussière, la boue, les musiques, l’ambiance, les stands, les chevaux, les vélos… et en tant que cavalier, pas spectateur.
  • la volonté de prouver qu’on peut arriver à faire des trucs cools, « seuls », sans moniteur qui vient chaque semaine.
    Lamotte, ça a été la consécration d’une seule pensée : même sans coach, si vous êtes assidus, curieux, et réguliers, vous pouvez vivre de belles choses,… et pourquoi pas un championnat de France !

La revanche l’année prochaine ?

C’est déjà très bien que l’endurance soit représentée aux championnats de France. Quel dommage de tant la restreindre : seule une épreuve individuelle de 40 km, alors que les épreuves club vont de 10 à 60 km !

L’endurance reste dans l’ombre des disciplines classiques. Et même si tout est bien, Lamotte endurance n’évoque rien de « waouh ».

Cantad et moi, sommes maintenant dans le Sud : la région de prédilection, à priori, pour s’entraîner : du dénivelé, des montagnes, de l’altitude, de la chaleur, des paysages de dingue, et des chemins, beaucoup de chemins…

Un dernier point et non des moindres : L’argent. Entre les qualifications, les transports, les engagements, les logements, les repas… c’est une sacrée somme que nous avons dépensée pour « seulement » 40 km !

L’année prochaine, mon budget « endurance » restant le même, je vais l’employer différemment : on va aller explorer d’autres lieux, se tester sur d’autres courses !

Alors, Lamotte, pour nous, ça restera :
– une consécration du travail accompli seul, pour notre 1ère saison
– une belle leçon
– une blessure d’ego
– un beau souvenir

Un peu contradictoire et complexe… comme la vie, finalement !

Certes, je suis convaincue que si nous revenions l’année prochaine, nous pourrions faire un (très) beau classement. Mais nous avons déjà gagné quelque part… nous avons fini !

J’ai pris ce que Lamotte pouvait me donner, et j’ai la sensation qu’un autre championnat, même s’il me donnait une médaille, ne m’apporterait rien de plus en challenge et expérience.

Car je cours après un rêve bien plus grand : la liberté des grands espaces parcourus avec mon cheval !

Angélique

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4 Replies to “L’endurance aux championnats de France de Lamotte Beuvron”

  1. Merci angélique pour ce beau récit !
    Bravo à toi pour ta persévérance !
    Merci pour ce sourire de la fin ( je n’avais pas imaginé à quel point tu étais «  si mal « 
    Bravo car les conditions météo étaient vraiment ding cette année !
    Un dernier bravo et merci à cantad

    1. Ahah, oui, j’étais vraiment pas en forme ! Mais bon, pas à l’article de la mort non plus… alors quand Alain et Guillaume ont eu l’idée de me prendre en photo (ils avaient fini de s’occuper de Cantad), ça m’a fait rire ! Les 2 grooms, je te jure… 🤣

  2. Bravo à tout les deux d’avoir été au bout du rêve, Cantad a été un super partenaire. C’est une expérience de plus qui renforce encore votre couple , et toute expérience est bonne à prendre qq soit le résultat. Bises à vous deux et encore bravo

    1. Merci ! On progresse dans notre discipline, peu importe la place au classement ! C’est vrai pour tout, en endurance, comme ailleurs !

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