La muserolle : misérable ou miséreuse ?

La muserolle : misérable ou miséreuse ?

Hello cher(-ère)s cavalier(-ère)s,

Je réponds dans cet article à la question posée en story « Quels sont les meilleurs bridons pour monter sans muserolle (comme tu es ingénieur produit)

Mais avant de répondre à la question, j’aimerai vous livrer quelques informations sur cette partie si décriée, mais si méconnue… 🕵️‍♀️

Une histoire de réglage ?

La pauvre muserolle ! Elle cristallise à elle seule le problème du bien-être équin…

Comme tout outil, c’est l’utilisation qui en est faite, et l’Homme qui est derrière, qui va en faire une arme, ou une aide.

Je réitère l’exemple du couteau : à côté du pain, ou dans le ventre du voisin, c’est bien le même objet, mais les intentions et l’utilisation en font une aide, ou une arme…

Je milite davantage pour APPRENDRE A REGLER la muserolle, plutôt que de la bannir. C’est une aide : utilisons la comme telle, sans la détourner.

Et voici pourquoi :

Une muserolle, plusieurs fonctions.

La muserolle, comme limitateur d’ouverture.

Alors, oui, vous avez bien lu : une muserolle s’ajuste, afin de LIMITER l’ouverture de la bouche. Sous-entendu : le cheval peut ouvrir la bouche. Il doit pouvoir déglutir, il doit pouvoir mastiquer.

L’idée de la muserolle, est de limiter les mouvements de langue intempestifs.

Je rappelle ici qu’un réglage dit « correct » est quand on peut passer l’épaisseur de 2 doigts entre la muserolle et le chanfrein de l’animal.

Les chevaux savent adopter des positions de défense face au mors, si celui ci-ne leur convient pas, ou que la demande du cavalier n’est pas claire.

La muserolle aide donc le cavalier à ne pas se retrouver subitement « sans contrôle », tout à coup.

Il conviendra néanmoins à ce-dit cavalier d’interpréter correctement la défense du cheval. Plutôt que de vouloir resserrer la muserolle, peut-être faudra-t-il regarder du côté du mors si tout va bien.

La muserolle, comme indispensable.

Les muserolles sont décriées lorsqu’il s’agit du bridon.
JAMAIS quand il s’agit d’un licol (ou de son petit frère hybride, le bridon-licol). Anecdote amusante, s’il en est.

Cela prouve bien que c’est l’usage qu’on en fait, qui fait de la muserolle une « aide », ou « une arme ».

Enlever la muserolle sur un licol, c’est un sacré challenge. Ca pourrait être un beau développement produit ! Parce qu’il y aura quelques contraintes à affronter, notamment sur la partie « attache »… 😆

La muserolle, comme stabilisateur.

Effet moins connu de la muserolle : elle permet en effet de maintenir le bridon dans sa position optimale, peu importe l’action de rênes du cavalier. En venant entourer le bas de la tête, et en étant lié aux montants des rênes (directement ou indirectement), on permet donc au bridon de ne pas « glisser » d’un côté ou de l’autre.

Glissement qui sera très inconfortable pour le cheval, puisqu’il ne pourra pas repositionner son bridon de lui-même. Soit il va secouer la tête (ce qui ne va pas plaire au cavalier), soit il va faire avec

La muserolle peut être supprimée bien sûr.
Mais compte tenu des 2 derniers points, il faut le faire sur un cheval éduqué, qui ne cherchera pas à fuir vos indications, et qui limite les grands mouvements de tête.

Les cavaliers de dressage et de CSO confirmés nous prouvent qu’enlever la muserolle est possible. Mais ça leur demande du travail, pour être fin dans leur demande, et « stabiliser » les mouvements de tête du cheval.

Les cavaliers d’extérieur ou de western ont souvent des chevaux « plats », avec un port de tête naturel, ou bas. De ce côté là, la muserolle leur est moins utile. Notons quand même que l’éducation de leurs chevaux n’en est pas moins excellente.

La muserolle, comme élément de confort.

La construction d’une muserolle en elle-même varie, d’un modèle à un autre. Elle peut contribuer au confort du produit au global : souple, doublée, rembourrée, large… les paramètres sont nombreux !

Si ceux-ci sont largement connus, j’aimerai mettre en avant un paramètre qui l’est moins : l’articulation !

Pour certains modèles, la muserolle est d’un seul tenant : c’est la qualité du cuir, et son formage dans le temps, qui permettront à la muserolle d’épouser au mieux la tête du cheval.

Pour d’autres modèles, la muserolle est en plusieurs morceaux. Une bouclerie vient faire office de point pivot entre la partie haute et la partie basse : un confort certain pour le cheval, puisque les 2 parties peuvent se positionner indépendamment l’une de l’autre, sans attendre le « temps de formage ».

La muserolle, comme part esthétique.

L’esthétique compte à cheval. L’image du cavalier élégant nous habite tous. La muserolle est devenu un élément décoratif, orné, travaillé.

Bien ajusté, il permet également de mettre en valeur la tête d’un cheval, l’élégance du couple. Mais aussi le savoir faire des marques, qui peuvent dans cette partie, se démarquer de la concurrence.

Les modèles les plus connus, ne sont-ils pas ceux qui ont une muserolle « travaillée » ou différente ? (entre autre)

La muserolle, comme cache misère.

Soyons honnête. Le cavalier qui sur-ferme sa muserolle, essaie avant tout de « cacher la misère » : il a un problème fondamental de contrôle, qui rejaillit dans le serrage de la muserolle.

Si on lui enlève cette partie, il y a fort à parier qu’il se débrouillera pour faire mal à son cheval, d’une autre façon. On compte sur lui pour être créatif, avec ses rênes, ses mains, ses gestes… 🤬

La muserolle, comme dérive.

La muserolle fait scandale, parce que le Haut Niveau a eu quelques dérives. A tel point qu’on en vient à créer des outils « normatifs » pour définir l’épaisseur des 2 doigts de réglage, ou qu’on en vient à intégrer dans les règlements, des précisions sur son usage et ses restrictions.

Jauge pour vérifier l’ajustement correct d’une muserolle. Crédit : bridleandride.com

La muserolle cristallise encore une fois les dérives de la performance à tout prix. Quand la gloire et l’envie de gagner passent avant tout…

Pour exemple, rappelons la couverture du numéro de Grand Prix de Novembre 2018, qui avait fait grand bruit…

La muserolle, comme symbole.

C’est la grande tendance du moment : l’absence de muserolle devient un symbole suprême de bien-être animal.

l’idéal vers quoi on devrait tendre ? (et encore… y a des rênes et probablement un mors !) crédit : pixabay

Professionnelle du matériel, et travaillant « sur le terrain », je reste perplexe.

Pour tous les points évoqués ci-dessus, mais aussi, parce que le jugement des cavaliers se fait particulièrement prompt, ces temps-ci.

Sur certains groupes Facebook par exemple, le clivage est net :
« Pas de muserolle » = « on est des Hommes de Cheval »
« Muserolle » = « tortionnaire »

Ca marche aussi pour le « mors » / « Sans mors », ou même « selle » / « sans selle », ou « fers »/ « pieds nus ». Bref. Le matériel est devenu quasi diabolique…

Hélas, avec l’exposition sur les réseaux sociaux, les jugements sont prompts à se faire, surtout sur photo, loin, protégé que nous sommes par écrans interposés.

Or une photo, c’est une image figée… d’un cheval en mouvement.

Dans un contexte que nous ne connaissons pas, avec un passif que n’avons pas,…

Avant de crier haro, ou d’encenser la séance, prenons un peu de recul : la photo reflète-t-elle vraiment la monte, la philosophie du cavalier, ou est-ce un (mal) heureux hasard ?

Parfois, je reste songeuse, à titre personnel… ! 🙄

Bref. Il est temps de répondre à la question : j’espère que vous êtes toujours là ! 😜

Le bridon, sans muserolle.

Votre niveau équestre, et l’éducation de votre cheval vous le permet : vous enlevez la muserolle ! 🔥

Bravo à vous : cet accessoire ne vous étant plus d’aucune utilité, c’est compréhensible. 🎉

Faisons le tour des possibilités :

Les montants de muserolle s’attachent sur la têtière.

Vous avez un bridon où les montants de muserolles s’attachent sur la têtière. Là, c’est pas de bol : si vous enlevez la muserolle, vous aurez quand même les montants correspondants sur la têtière, qui seront inutilisés.

Pas beaucoup de choix :

  • soit vous les coupez, mais c’est radical comme décision.
  • soit vous les laissez, mais il y a un risque que ça gêne votre cheval, si le montant en question vient faire « flap flap » contre sa joue toute la séance. C’est loin d’être agréable.
  • soit, option secrète n°3, vous laissez la muserolle, mais vous ne la serrez pas du tout, vous la fermez juste. Elle devient flottante. Pas d’incidence sur votre cheval ou l’estétique du produit, mais efficacité sur la fermeture de la bouche proche de zéro… ça peut être un compromis !

Je vous mets quelques exemples de bridons où la muserolle s’attache directement sur la têtière, vous comprendrez mieux. Pour ne pas faire de jaloux ou privilégier une marque, j’en cite plusieurs :

La muserolle est une pièce à part.

Vous avez un bridon où la muserolle s’enlève complètement : elle passe sous ou sur la têtière. C’est souvent le cas des bridons dont la construction est « traditionnelle ».

Jackpot ! L’enlever ne laisse aucune pièce vacante et c’est tout bénef pour tout le monde ! 🥳

➡️ C’est cette construction de bridon,
qui répond à la question du début ! ⬅️
🔥🎉

Si donc vous avez en tête d’enlever la muserolle un jour, ça peut faire partie de votre cahier des charges d’achat.

Ensuite, quant à définir le « meilleur », la réponse dépendra de votre budget, de vos envies… et ça, je n’ai pas vocation à connaître ce qui se passe dans votre tête, ou votre porte monnaie. A vous de choisir ! 😉

Je vous mets quelques exemples de modèles en photo, pour que vous compreniez mieux de quelle construction je parle : la muserolle est indépendante et passe SOUS ou SUR la têtière. Pas de jaloux ou de favoritisme, je cite plusieurs marques :

La construction du bridon est partie intégrante du cahier des charges voulu par la marque, de ses partis pris, ou de sa vision. Les utilisations et les disciplines étant nombreuses, les goûts et les couleurs encore plus, les marques essaient en général de proposer plusieurs constructions.

Si vous avez une marque préférée, soyons donc curieux.

Envisager sous un nouveau jour votre bridon… et sa muserolle ! 😉

En espérant avoir apporté un éclairage différent,

Angélique

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3 Replies to “La muserolle : misérable ou miséreuse ?”

  1. Et le noseband ? Il me semble que ça revient à la mode, il a une autre utilité que de venir fermer encore plus la bouche ? Merci pour cet article en tout cas

    1. Bonjour Manon ! Hélas, je ne trouve pas d’autres utilités au noseband, à part fermer la bouche… encore une fois, tout est question de réglage. On peut avoir des nosebands ajustés, mais non serrés. Mais oui, son utilité est assez réduite : il vient fermer la bouche.

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